Lucas Belvaux

Lucas Belvaux

Lucas Belvaux construit film après film une oeuvre rigoureuse et multiple, marquée par une approche humaine et sociale, explorant avec brio les genres cinématographiques et les sujets de société les plus divers. Sa curiosité et son engagement font de Lucas Belvaux un cinéaste aussi audacieux qu'imprévisible. Assurément l'un des réalisateurs les plus passionnants du paysage cinématographique franco-belge actuel.

Lucas Belvaux a grandi en Belgique, dans la province de Namur. Très jeune, il part à Paris avec l'ambition de devenir comédien. En 1981, Lucas Belvaux fait ses débuts au cinéma en jeune homme insoumis dans "Allons z'enfants", le plaidoyer anti-militariste d'Yves Boisset. Aperçu chez Losey et Zulawski, le comédien tourne en 1985 avec deux maîtres de la Nouvelle vague, Claude Chabrol ("Poulet au vinaigre", dans lequel il incarne un facteur trop bavard) et Jacques Rivette ("Hurlevent", variation autour de l'oeuvre d'Emily Brontë). Entre naïveté et romantisme, Lucas Belvaux campe un amoureux du rock dans "Désordre", premier long métrage d'Olivier Assayas en 1986, et un clerc de notaire qui séduit "Madame Bovary" dans l'adaptation par Chabrol du chef-d’œuvre de Flaubert (1991).

Au début des années 90, Lucas Belvaux passe derrière la caméra et réalise son premier film "Parfois trop d'amour". En 1996, il obtient les faveurs de la critique et du public avec "Pour rire!", vaudeville décalé porté par un couple inattendu: Jean-Pierre Léaud et Ornella Muti. Fort de ce succès, il se lance dans un triptyque composé d'une comédie ("Un couple épatant"), d'un thriller ("Cavale") et d'un mélodrame ("Après la vie"), les personnages principaux de chaque film devenant les personnages secondaires des deux autres. C'est la première fois qu'il joue dans un film qu'il réalise. A ce sujet, Lucas Belvaux déclare : "Je m'étais toujours juré de ne pas jouer dans un film que je réaliserais. Je ne voulais pas être à la fois partenaire de jeu et "regard" sur les autres, pas très envie de supporter mon image tout le temps du montage, peur de manquer d'objectivité. Mais j'ai fait des essais et je me suis trouvé pas si mal. Ensuite, j'en ai parlé avec les autres actrices et acteurs qui m'ont accueilli avec beaucoup de sympathie. Le fait que je devienne partenaire de jeu n'était pas vécu comme quelque chose de négatif mais comme un acte de solidarité absolue." Ce projet ambitieux sera récompensé par le Prix Louis-Delluc.

En 2006, il tient l'un des rôles principaux de son sixième long métrage comme réalisateur, "La Raison du plus faible", polar humaniste inspiré d'un fait divers qui a marqué le quartier de Droixhe à Liège : encerclé par la police, un braqueur se réfugie sur le toit d'un immeuble et jette l'argent volé à la foule. "La Raison du plus faible" sera présenté en Compétition Officielle au Festival de Cannes.

S'inspirant de l'enlèvement du Baron Empain, il signe "Rapt" en 2009, une œuvre âpre et intense emmenée par un Yvan Attal méconnaissable: "l’histoire d’un homme qui a tout, pour lequel tout va bien a priori, et qui, tout à coup, se rend compte qu’il n’est pas ce qu’il croit être. Qu’il peut tout perdre d’une minute à l’autre. N’être plus rien. Avec un autre aspect passionnant: cette affaire ne finit jamais. Après la fin du cauchemar de la captivité, c’est le cauchemar du retour. La façon dont le baron Empain en parlait était très impressionnante."

Il retrouve Yvan Attal en 2012 pour son nouveau film, "38 témoins", avec également Sophie Quinton et Nicole Garcia. L'histoire d'un meurtre commis la nuit, dans la rue, apparemment sans témoins. L'enquête révèlera que 38 personnes ont vu ou entendu quelque chose. "38 personnes ont compris qu'il se passait quelque chose de grave, et personne n'a rien fait. Personne n'a pris son téléphone pour appeler la police, personne n'est descendu dans la rue pour dire "qu'est-ce qu'il se passe" ou "arrêtez"... Rien."

Après s'être attaqué à un registre plus léger avec "Pas son genre", une comédie romantique réunissant Emilie Dequenne et Loïc Corbery, Lucas Belvaux réalise en 2017 "Chez Nous" centré sur le fonctionnement de l'extrême droite française et son inquiétant pouvoir de séduction chez les gens. Lucas Belvaux : "CHEZ NOUS est un film engagé. Il n’est pas militant pour autant, il n’expose pas vraiment de thèse. J’ai essayé de décrire une situation, un parti, une nébuleuse, de décortiquer son discours, de comprendre son impact, son efficacité, son pouvoir de séduction. De montrer la désagrégation progressive du surmoi qu’il provoque, libérant une parole jusqu’ici indicible. D’exposer la confusion qu’il entretient, les peurs qu’il suscite, celles qu’il instrumentalise."

Trois ans plus tard, il s'attaque à l'adaptation du roman de Laurent Mauvignier "Des hommes", un drame sur fond de Guerre d'Algérie emmené par Gérard Depardieu, Catherine Frot et Jean-Pierre Darroussin : "C'est un film politique dans le sens où il interroge sur la façon de raconter cette histoire, comment on l’assume, comment on la transmet, comment on réconcilie les différents récits parce que, évidemment, il y a plusieurs façons de raconter."

Films de Lucas Belvaux

Des hommes

2020

Des hommes

Ils ont été appelés en Algérie au moment des " événements " en 1960. Deux ans plus tard, Bernard, Rabut, Février et d'autres sont rentrés en France. Ils se sont tus, ils ont vécu leurs vies. Mais parfois il suffit de presque rien, d'une journée d'anniversaire, d'un cadeau qui tient dans la poche, pour que quarante ans après, le passé fasse irruption dans la vie de ceux qui ont cru pouvoir le nier.

Chez Nous

2017

Chez Nous

Pauline, infirmière à domicile, entre Lens et Lille, s’occupe seule de ses deux enfants et de son père ancien métallurgiste. Dévouée et généreuse, tous ses patients l'aiment et comptent sur elle. Profitant de sa popularité, les dirigeants d’un parti extrémiste vont lui proposer d’être leur candidate aux prochaines municipales.

Pas son genre

2014

Pas son genre

Clément, jeune professeur de philosophie parisien est affecté à Arras pour un an. Entre l’ennui qui l’oppresse et la météo qui le plombe, Clément ne sait pas à quoi occuper son temps libre. C’est alors qu’il rencontre Jennifer, jolie coiffeuse, qui devient sa maîtresse. Si la vie de Clément est régie par Kant ou Proust, celle de Jennifer est rythmée par la lecture de romans populaires, de magazines « people » et de soirées karaoké avec ses copines. Coeurs et corps sont libres pour vivre le plus beau des amours mais cela suffira-t-il à renverser les barrières culturelles et sociales ?

38 témoins

2012

38 témoins

Alors qu'elle rentre d'un voyage professionnel, Louise découvre que sa rue a été le théâtre d'un crime. Aucun témoin, tout le monde dormait. Paraît-il. Pierre, son mari, travaillait. Il était en mer. Paraît-il… La police enquête, la presse aussi. Petit à petit, Louise apprend que trente-huit personnes ont vu ou entendu quelque chose, et que son mari fait peut-être partie de ceux-là.

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